Prévention au Syndrome du bébé secoué avec "Stop Bébé Secoué"

Lors de vos séances photo Nouveau-né ou Bout'chou, je prends des précautions infinies pour manipuler vos petits trésors. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir afin de les apaiser pour capturer leurs expressions les plus avantageuses ou amusantes pour de douces photographies souvenirs.  Parfois, vos petits peuvent pleurer pendant un long moment, malgré les changes, les câlins, le biberon ou la tétée et les chansons douces. Ce qui demande une patience infinie et peut être parfois difficile à supporter pour nos petites oreilles, mais je garde toujours mon calme pour ne pas craquer. Et s'iel est inconsolable je préfère reporter la séance.

Quand j'ai découvert l'association Stop Bébé Secoué sur Instagram, j'ai de suite pensé qu'il était important de parler de cette association mais surtout du syndrome du bébé secoué. J'avais profondément envie de partager avec vous, sur ce sujet qui est tellement important. 

Il est des sujets dont on parle trop peu et pourtant je suis convaincue qu'en parler beaucoup plus aiderait de nombreuses familles et sauverait des vies. ​Le syndrome du bébé secoué n'est pas quelque chose qui n'arrive qu'aux autres, et je pense que si l'on aidait les parents et les professionnel.le.s en arrêtant de leur mettre la pression dans leur rôle, si on  leur apprenait à pouvoir lâcher prise, alors les terribles chiffres de cette maltraitance diminueraient.  Je suis convaincue que si l'on prévenait les parents et les professionnel.le.s qu'ils ont le droit d'être fatigués et à bout, qu'ils ont le droit de demander de l'aide sans que cela ne fasse d'eux de mauvais parents ou de mauvais professionnel.le.s... Les choses iraient mieux. 

J'ai donc décidé de poser mes questions à Marie l'une des fondatrices de l'association. J'espère que cette petite interview pourra vous éclairer. 


Comment est née l’association Stop Bébé Secoué ? 

Marie : Stop Bébé Secoué est une association à but non lucratif régie par la loi de 1901 qui a pour but d’assurer l’information et la prévention au Syndrome du Bébé Secoué (S.B.S.) auprès des particuliers, professionnels de la petite enfance et assimilés sur l’ensemble du territoire français. Sa création est parue au Journal Officiel du 26 octobre 2019.

Les parents de Max, Anaé, Swann et Erwan ainsi que leurs piliers, amis et aujourd’hui co-fondateurs, se sont associés au cours de l’année 2019 pour dessiner les contours de la naissance de l’association et ainsi développer le combat pour la reconnaissance de cette maltraitance, sa prévention pour protéger des vies et l’information auprès du grand public.

De douleurs en déceptions, notre hargne et notre force pour rendre hommage à toutes les victimes du S.B.S. et pour protéger les vies de VOS enfants nous ont amené à créer cette association et à développer nos actions.

Le nom de notre association était à la base le nom d’un compte Instagram qu’avait créé l’une de nos co-fondatrices lorsque son enfant, victime survivante du SBS, était placé dans le cadre de l’enquête. A cette époque aucune information sur le SBS n’était accessible sur ce réseau sur lequel sont présents de nombreux futurs parents, parents, professionnels de la petite enfance et de santé. «Stop Bébé Secoué» reprend les initiales du Syndrome du Bébé Secoué, communément résumé par « SBS ».

Qu'est-ce que le syndrome du bébé secoué ?

Marie : Le Syndrome du Bébé Secoué est un traumatisme crânien grave. Il ne s'agit pas d'un accident mais d'un geste intentionnel extrêmement violent provoqué par un (ou plusieurs) secouement(s), avec ou sans impact. Le mécanisme de secouements intervient quand le bébé est empoigné au niveau du thorax ou sous les aisselles, par l’adulte qui perd le contrôle et l'agite violemment. Lorsque le bébé est secoué, sa tête se balance rapidement d’avant en arrière, et sur les côtés. Son cerveau frappe alors contre les parois de la boîte crânienne et les vaisseaux sanguins qui l’entourent se déchirent, saignent et entraînent des lésions cérébrales.

Quels sont les conséquences pour le nourrisson ? Quelles sont les séquelles ? 

A ce jeune âge, le cerveau du bébé est en plein développement, les conséquences sont donc bien plus graves qu’elles ne le seraient pour un adulte.  Les séquelles du cerveau sont souvent importantes et définitives. Elles peuvent être immédiates ou, plus sournoisement, apparaître à mesure que l'enfant grandit. Dans tous les cas, les apprentissages de l’enfance sont perturbés. C'est seulement à la majorité que l'on peut établir un bilan des séquelles résultantes des secouements infligés.

En France, plus de 200 bébés seraient victimes de secouement(s) chaque année, donnée chiffrée largement sous-estimée, principalement par faute de diagnostic. 

Le taux de récidive est élevé puisque 50% des enfants qui ont été secoués le sont à nouveau au moins une seconde fois. D’après les études, un enfant sur cinq, victime du SBS, en décède.  Parmi les enfants qui survivent, 75% garderont des séquelles irréversibles qui peuvent être multiples et très handicapantes. 

On retrouve des séquelles : 

• intellectuelles, 

• comportementales, 

• visuelles (pouvant aller jusqu’à la cécité complète), 

• motrices (paralysies, des crises épileptiques légères – se manifestant sous la forme de tremblements – à des crises épileptiques lourdes, etc.).

Ces séquelles sont accompagnées de nombreux traumatismes pour l’enfant qui est la victime principale, mais aussi pour ses proches, victimes collatérales du SBS (parents, frères et sœurs, grands-parents, amis…). Quand l’enfant survit au SBS il arrive souvent que celui-ci soit temporairement retiré à sa famille dans le cadre d’une ordonnance de placement (en famille d’accueil ou en structure collective) dans les débuts de l’enquête judiciaire.

Y-a-t-il un âge particulier pendant lequel ce syndrome survient plus fréquemment ?

En effet, la plupart du temps le bébé à moins de 1 an et dans deux tiers des cas moins de 6 mois. Néanmoins, il ne faut pas penser que l’enfant est à l’abri car il a plus d’un an. Quelques cas de SBS ont été recensés allant jusqu’à 2 ans à notre connaissance.

Il y a des facteurs risques pour le bébé (énoncés par la Haute Autorité de Santé (HAS)) : 

- Sexe masculin

- Prématurité ou complications médicales périnatales

- Séparation mère enfant en période néonatale

- Grossesse multiple ou rapprochée

- Grossesse non désirée

- Pleurs inconsolables

- Difficultés d’acquisition d’un rythme de sommeil régulier, troubles du sommeil

- Difficultés alimentaires

- Interventions antérieures des services sociaux.

Y-a-t-il un profil type, ou est-ce que cela peut arriver à n'importe qui ? 

Il est important de préciser qu’il n’y a pas de portrait-robot type d’un secoueur. Un bébé est susceptible d’être secoué auprès d’un homme ET auprès d’une femme, et ce dans n’importe quelle catégorie sociale.

Comment reconnaître un bébé secoué ?

Il est fondamental de protéger un bébé en diagnostiquant le Syndrome du Bébé Secoué afin d’en assurer une meilleure prise en charge et d’éviter la réitération de ce geste violent.

Voici les symptômes qui doivent vous alarmer :

- moins bon contact du bébé et modification de son tonus,

- diminution de ses compétences (ex : il se tenait assis mais n’y arrive plus, etc),

- irritabilité prononcée,

- léthargie,

- trouble de la coordination,

- extrême pâleur,

- augmentation trop rapide du périmètre crânien,

- bombement de la fontanelle,

- vomissements en jet (non accompagnés de fièvre et de diarrhées),

- convulsions,

- arrêts respiratoires,

- perte de conscience,

- regard figé sans réaction aux stimuli.

Ces symptômes n’apparaissent pas tous chez un bébé victime de secouements. De même, certains de ces symptômes peuvent être liés à tout autre chose que les secouements. Dans tous les cas, ne prendre aucun risque et aller consulter un professionnel de santé « Il vaut mieux prévenir que guérir » d’autant plus lorsqu’aucune guérison n’est possible.

Y-a-t-il des jeux qui peuvent entraîner ce syndrome ? Comme le fait de faire sauter bébé dans les airs ? 

Le secouement est un acte volontaire d’une extrême violence infligé par un adulte dépassé, exaspéré, par les pleurs et face aux besoins d'un bébé. Quand on joue au jeu de l’avion avec un bébé, sa tête est maintenue par l’adulte. De même lorsqu’il s’agit d’une danse. L’adulte accompagne le geste avec le bébé.

Bien sûr, les jeux sont à adapter en fonction de l’âge du bébé et de son stade de développement. Il ne s'agit en rien d'un jeu effectué avec l'enfant,

secouer n'est pas jouer ! Jouer n'est pas secouer un bébé !

Avez-vous des conseils pour prévenir ce syndrome ?

Bien que le nom de « syndrome » soit employé il s’agit d’une réelle maltraitance qui est encore trop méconnue en France. Il est donc primordial que tout un chacun sensibilise autour de lui et s’assure que s’il doit confier son bébé à un tiers, celui-ci soit également bien informé, quelle que soit sa profession. La communication est le maître-mot pour lutter contre le SBS et protéger des vies, en expliquant que quoi qu’il arrive ON NE SECOUE JAMAIS UN BÉBÉ, cela peut le tuer ou l’handicaper à vie. Afin de sensibiliser au SBS, et aboutir à une prévention efficace, il est primordial de rappeler qu’un bébé peut beaucoup pleurer dans les premiers mois de sa vie. Les pleurs lui permettent d’exprimer certains besoins, certaines douleurs et d’évacuer le stress accumulé dans une journée.

Pour calmer les pleurs de bébé, il est conseillé de :

- Lui parler et le bercer doucement,

- Lui donner à manger,

- Lui changer sa couche,

- Vérifier qu’il n’ait ni trop chaud ni trop froid,

- Le masser,

- Lui donner un bain tiède.

Si les pleurs persistent et vous semblent anormaux, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé. Si vous vous sentez exaspéré(e) par les pleurs incessants du bébé, il est conseillé de mettre le bébé en sécurité (dans son lit notamment) et de vous éloigner de lui sans attendre pour retrouver votre calme. Savoir vous dire « Stop » pour protéger l’enfant est fondamental, le geste de secouements violents intervient en quelques secondes de perte de contrôle totale.

La nécessité de penser à vos besoins à cet instant permet de mieux prendre en charge le bébé ensuite. Un bébé n’est jamais mort d’avoir pleuré quelques minutes en sécurité dans son lit. En revanche, trop de bébés décèdent dans les bras d’adultes exaspérés.  

Se sentir parfois dépassé.e est humain, cela ne fait pas de vous un mauvais parent ou un mauvais professionnel de la petite enfance. En revanche, un bébé est en danger dans les bras d’un adulte excédé. Passez le relais autant que vous le pouvez, et si vous n’êtes pas en mesure de pouvoir le faire, demandez de l’aide à distance, auprès d’un proche ou auprès de ligne d’écoutants (toutes ces informations sont disponibles sur nos pages Stop Bébé Secoué).

Recources : 

Association Stop Bébé Secoué

Livre : Bébé secoué : des vies fracassées, Pour mieux comprendre et mieux prendre en charge

Livre pour enfants : La rentrée de Tom, bébé secoué (disponible au Home Studio)

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