Entretien avec l'association Maman Blues pour parler de la dépression post-partum.

"Nous accompagnons toute femme pour qui la maternité ne rime pas avec un bonheur sans nuage."


Vous me connaissez maintenant, je suis non seulement très curieuse mais j'ai à cœur d'aborder de nombreux sujets sur ce blog. Parler de photographie c'est bien, mais j'ai vraiment envie d'aider les femmes et les couples sur le chemin de la parentalité. Alors j'essaie d'aborder de nombreux sujets, tous aussi différents et riches les uns que les autres autour de bébé et ses parents. Des sujets joyeux et légers, et des sujets plus durs comme celui de cet article. 

La dépression post-partum

Vous savez aussi si vous m'avez rencontré en séance photo ou que vous avez l'habitude de lire mes articles de blog que pour moi tout ce qui touche la maternité ne devrait pas être caché. Les femmes ont le droit de savoir, le bon mais aussi le terrible. Savoir pour ne pas penser être seule au monde face au décès de son bébé lors de la grossesse ou à l'accouchement. Savoir pour ne pas penser être une mauvaise mère, ou pire, quand la dépression post-partum vient toquer à la porte.

Et pour savoir, il faut libérer la parole. 

J'ai comme à mon habitude, découvert l'association Maman Blues un peu par hasard sur Instagram. Et j'ai de suite eu envie de parler de ce tabou autour de la naissance. J'ai donc pris contact avec Elise, la présidente de l'association pour lui poser mes questions.  

  • Comment a été créée l'association Maman Blues et quel est son rôle dans la dépression post-partum (DPP) ?

Ce sont des femmes que la maternité a bousculées qui ont créé Maman Blues en souhaitant transcender leurs expériences individuelles, en en faisant une force au profit du collectif. Dans un premier temps, un site et un forum ont vu le jour en 2004. Puis, en 2006, naît l’association.

Trois objectifs sont aujourd’hui poursuivis par toutes nos bénévoles : Informer, Soutenir, Témoigner. 

Notre rôle n’est pas de nous substituer à un quelconque avis médical. Nous avons à cœur d’être des interlocutrices de première ligne. Nous recueillons la parole des femmes, des proches, des soignants aussi parfois. Nous tentons d’être dans une écoute bienveillante et attentive. 

Nous sommes aussi les intermédiaires entre les femmes et les soignants, en orientant très régulièrement celles qui en font la demande. 

Enfin nous essayons de faire avancer la problématique de la prévention et de la prise en charge en travaillant étroitement, grâce à notre expertise d’usagères, avec les institutions publiques, les corporations savantes, etc…

Je tenais à insister sur un point : nous accompagnons toute femme pour qui la maternité ne rime pas avec un bonheur sans nuage. Nous n’accueillons pas seulement des mères en DPP mais des femmes en difficulté maternelle. Par cette expression, nous parlons de difficulté psychique à entrer dans l’identité de parent. Cela peut se manifester sous diverses formes et ce serait bien dommage de négliger les autres formes de souffrances psychiques anténatales et post-partum


  • Qu'est-ce que la dépression post partum et quand se déclare-t-elle ? Combien de temps dure-t-elle ?

La dépression post-partum (DPP) est décrite comme un trouble de l’humeur survenant après la naissance d’un enfant. Elle est aussi nommée dépression post-natale

Aujourd’hui, 30% des femmes sont touchées, officiellement. Il semble que nombreuses soient celles qui ne parleront pas de peur du jugement et par honte de ne pas être la « bonne » mère. Au sein de l’association, nous considérons comme essentiel de dépasser le simple diagnostic de DPP afin d’aller questionner et réfléchir sur ce que cette naissance réveille, révèle chez la femme concernée. De là, nous l’espérons, découlera une prise en charge adaptée.


  • En quoi la dépression post-partum est-elle différente du baby blues ?

La DPP est différente car elle perdure. Contrairement au baby-blues qui survient dans les premiers jours après la naissance et se manifeste sur une quinzaine de jours, la dépression du post-partum peut être insidieuse. Certaines femmes ressentent un mal être psychique intense dès les premiers jours. Mais, pour d’autres, la dépression explose plus tard, s’installant au fil des mois.

Les professionnels de santé évoquent la première année de vie de l’enfant concernant le diagnostic. Parfois, même, restant assez supportable et n’étant que peu bruyante aux yeux de l’entourage, la dépression du post-partum n’est perçue qu’aux deux, trois ans de l’enfant. Il est à noter que la dépression peut apparaître durant la grossesse sans pour autant se transformer en DPP après la naissance. On parle alors de dépression anténatale. Elle touche 12 à 18% des futures mères.

  • Quels sont les symptômes de la dépression post-partum ?


Il y a déjà les symptômes classiques de la dépression : des plaintes somatiques récurrentes, des palpitations, des bouffées de chaleur, des tremblements, des sensations d’oppression, d’étouffement, de vertige. 

L’impossibilité de s’endormir, de se rendormir, un sommeil fortement perturbé, une irritabilité permanente, des difficultés de concentration, des pleurs fréquents ou, au contraire, une impossibilité de pleurer sont également caractéristiques. On peut aussi retrouver chez les mères en DPP une anxiété constante, des crises d’angoisse, une culpabilisation omniprésente pour tout avec une perte de confiance en elles. 

Ce qui la définie comme une dépression du post-partum, c’est aussi ce qui se manifeste autour du bébé : ne ressentir aucune émotion ou paniquer devant l’intensité de ses sentiments, être réticente à le prendre ou, à l’inverse, avoir des difficultés à s’en détacher corporellement. La mère peut éprouver une peur permanente qu’il lui arrive quelque chose, penser qu’avoir un enfant était une erreur, connaître des phobies d’impulsion. 

Ce sont la persistance des symptômes et leur durée qui peuvent faire penser à une dépression du post-partum. Le professionnel de santé pourra proposer à la mère de remplir un questionnaire appelé EPDS ou Echelle d’Edimbourg. Cela permettra de « scorer » l’état psychique de la personne et pouvoir ensuite mettre en place une aide thérapeutique et psychologique. Mais, comme mentionné précédemment dans la première question, la dépression du post-partum reste une manifestation symptomatique d’une maternité à accompagner pour l’appréhender sous un nouveau jour et pas simplement avec un traitement médicamenteux.

  • Quel accompagnement, ou traitement quand une femme est touchée par la dépression post-partum ?

Lorsque la femme consulte son médecin traitant, il lui est généralement proposé un traitement médicamenteux et puis … c’est tout. Nombreuses sont les femmes qui nous contactent en se questionnant sur la pertinence d’un suivi psychologique. Cela se saurait si les petites pilules du bonheur faisaient la thérapie. 

Alors, rappelons-le, Maman Blues n’a aucune vocation thérapeutique. Nous ne pouvons décemment pas nous prononcer en faveur ou contre un traitement médicamenteux. Chaque femme sera à même de choisir, en pleine conscience, ce qui lui conviendra. Cela sera aussi au professionnel d’expliquer pourquoi le traitement doit être mis en place (en fonction des symptômes évoqués), ainsi que ses bénéfices et ses risques. 

En revanche, il est nécessaire qu’une information complète soit donnée sur les différentes prises en charge existantes. Nous désespérons de nous retrouver face à des femmes totalement démunies, n’ayant aucune idée de la personne vers qui se tourner. C’est toute la notion de «réseau» qui se fait jour dans ce constat. La nécessité de travailler en collaboration permet d’éviter une errance médicale ou des orientations hasardeuses. 

Les professionnels de la périnatalité et de la petite Enfance doivent travailler ensemble pour les femmes, pour les familles

L’accompagnement sera en adéquation avec la gravité de l’état psychique de la femme. Consulter un psychologue libéral avec une étiquette périnatale peut tout à fait convenir. 

Parfois l’étayage doit être plus fourni. C’est là qu’interviennent les Unités Mères Bébés (UMB). Il s’agit de proposer une hospitalisation conjointe (mère-bébé) de jour ou en temps plein. Les UMB sont constituées de professionnels périnataux sensibilisés et formés aux problématiques d’attachements. 

A domicile, la PMI se déplace régulièrement et apporte un éclairage centré bien plus sur les soins au bébé. Faire appel à une TISF (Technicienne d’Intervention Sociale et Familiale) peut aussi permettre à la femme nouvellement mère de retrouver confiance en ses capacités maternelles. Certains Centres Médico-Psychologiques sont également présents dans la boucle du soin.

Enfin le numéro d’écoute d’Allô Parents Bébé est une ligne téléphonique de soutien psychologique ponctuel. Les femmes peuvent désamorcer grâce à un appel la trop forte angoisse ressentie, par exemple.

  • Y-a-t-il des facteurs de risques de développer une dépression post-partum ?

Nous considérons chez Maman Blues qu’il est important de sortir des étiquettes qui empêchent, à coup sûr, de déceler le mal-être psychique d’une femme « lambda ». Ce n’est pas un facteur qui pourra déterminer qu’une femme peut sombrer. Ce n’est pas non plus un ensemble de facteurs qui la mèneront obligatoirement à une DPP. Malgré tout, il existe des facteurs à ne pas négliger. 

Voici un nombre de facteurs non exhaustifs :

Des facteurs de vulnérabilités psychiques

  • Antécédents de troubles psychiatriques personnels ou familiaux

  • Antécédents d’abus ou de maltraitance dans l’enfance

  • Âge (grossesse à l’adolescence ou grossesse tardive)

  • Mère célibataire/difficultés conjugales/grossesse non désirée

  • Précarité socioéconomique/isolement affectif : liens conflictuels mère/fille, père en déplacement, père absent ou décédé, perte d’un proche (mère ou père de la femme enceinte) durant la grossesse

 Des facteurs culturels

  • Femmes primo arrivantes

  • Déménagement ou éloignement familial

 Des facteurs gynécologiques et obstétricaux

  • Primiparité

  • Décès d’un enfant précédent, perte fœtale (Grossesse Extra-Utérine, Fausse Couche, Mort Intra Utero)

  • Malformation ou pathologie fœtale, prématurité

  • Césarienne

  • Accouchement traumatique

  • Diabète Gestationnel (suivant de très récentes études)

  • PMA

  • Gémellité

 "On ne naît pas mère, on le devient...C'est un long parcours qui retrouve un trésor laissé de côté depuis l'enfance, constitué pendant l'enfance : la mère est un secret d'enfance."

-  Jean-Marie Delassus -

Retrouvez l'association Maman blues sur son site, Instagram & Facebook..

Allo Parents Bébé : 0 800 00 34 56 de 10h à 13h et de 14h à 18h du lundi au vendredi.

Les Lieux d'Accueil Parents Enfants sur Toulouse.

Vous pouvez trouver les unités mères bébés dans les hôpitaux près de chez vous, sur simple recherche Google.

Association TALLIEN SERVICES pour faire appel à un.e Technicien.ne d'Intervention Sociale et Familiale.

Précédent
Précédent

Photographe Muret - Pourquoi les prix des photographes sont-ils si différents ?

Suivant
Suivant

Attendre Noël de façon ludique et féerique.